Témoignage : Mon histoire avec le bilinguisme : 2ème Partie

Maman d’un garçon de 4 ans et d’une petite fille de 2 ans, j’ai fait le choix d’instaurer un bilinguisme précoce franco-arabe avec mes enfants.
Je continue donc, sur cette deuxième partie de cette série d’articles témoignages, en vous donnant plus de détails sur notre choix de bilinguisme et sur les différentes étapes que nous avons traversées dans ce voyage assez enrichissant mais assez tumultueux quand même.

Je vous avais parlé sur la première partie de cette série d’articles, de ma petite histoire personnelle avec la langue arabe, de mon arrivée en France, de ma rencontre avec mon mari et des premières questions que nous nous sommes posées par rapport au bilinguisme de nos enfants.

Si vous avez raté cet article n’hésitez pas à jeter un coup d’œil avant de poursuivre.

Le bilinguisme d’accord, mais comment ?

Tout d’abord, je voudrais vous détailler un peu comment nous avons abordé et instauré le bilinguisme précoce chez nous.

Surtout l’arabe à la maison

Je vous expliquerai plus tard dans un article à part toutes les possibilités qui peuvent s’offrir aux parents pour instaurer un bilinguisme précoce avec leurs enfants. Dans notre cas, notre choix se basait sur les idées et éléments suivants :

1 – La langue maternelle est la meilleure langue que peut utiliser un parent avec son enfant.

Je vous avais donné plus d’éléments pour justifier ce point dans la première partie de cette série d’articles.


En résumé, la plupart des spécialistes déconseillent aux parents d’éduquer leurs enfants dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle même quand les parents parlent très bien cette langue. Car cela pourrait priver les tous petits d’une richesse de vocabulaire et également d’un apprentissage plus naturelle de la langue.

2 – Une séparation marquée dans l’utilisation des langues

En effet, dans notre vie de marocains résidant en France, même si l’arabe reste notre langue maternelle ET notre langue dominante, nous avons pris l’habitude par facilité d’utiliser les mots des langues arabe et français dans une même phrase (et je pense que plein d’entre vous vont se reconnaitre dans cette configuration). Mais j’avais lu une étude québécoise qui avait paru dans le journal scientifique de Cambridge en 2012. Cette étude avait constaté que ce mélange de langues, quand il est exercé par les parents, était associé à une acquisition de vocabulaire assez limitée par les enfants dans les 2 langues acquises.

Nous avons donc dû faire de grandes efforts afin de « nettoyer » notre langue du quotidien de tous les emprunts inutiles au français. Ce qui des fois se révélait être un exercice assez difficile voire drôle par moment.

3- La langue française est vouée à devenir la langue dominante de nos enfants.

Et oui c’est presque une fatalité malheureusement. Car malgré tous les efforts que les parents peuvent faire, ils ne pourront pas lutter indéfiniment en terme de durée d’exposition. Le français deviendra forcément la langue à laquelle sont exposés le plus longtemps nos enfants dans leur vie de tous les jours, et deviendra donc d’office leur langue dominante.

Il vaut donc mieux commencer l’apprentissage de la langue arabe le plus tôt possible afin de gagner du temps et du terrain, et avoir moins de difficulté par la suite quand il s’agira de maintenir la langue arabe en tant que langue minoritaire bien sûr mais, quand bien même, maitrisée.

Dialecte marocain ou arabe littéraire ?

J’ai eu une question suite à la parution de la première partie de cette série d’articles : « Que voulez-vous dire par utiliser la langue arabe à la maison ? s’agit-il de la langue dialectale marocaine ou bien la langue arabe littéraire ?

J’avoue que j’ai longuement réfléchi à cette question au tout début de ce voyage. J’ai longuement cherché pour essayer de trouver des résultats scientifiques ou des témoignages détaillés qui expliquerait comment gérer cette dualité de langue arabo-arabe dans la dualité de langue franco-arabe, mais en vain.

Identifier votre objectif

De mon côté, Il était clair dans ma tête que mon objectif est que mes enfants maitrisent le dialecte marocain pour pouvoir communiquer au quotidien avec nous et avec notre grande famille restée au Maroc. Mais également apprendre à lire et à écrire l’arabe littéraire pour tous les aspects d’héritages religieux, culturel et artistique.

Donc posez vous cette question : quel est vraiment mon objectif ? l’arabe littéraire ? plutôt le dialecte ? si c’est l’un ou l’autre, vous n’aurez pas de problème, il suffit de vous concentrer sur cet objectif-là. Sinon, si vous avez comme moi un objectif double, je vous laisse lire la suite.

Gérer Le double objectif

Au début, je ne savais pas du tout comment gérer cette situation de double objectif (dialecte marocain + arabe littéraire). Cela commençait réellement à m’inquiéter car je me suis dit que ça allait peut-être faire beaucoup trop de langues à acquérir pour les petits.

Mais en réfléchissant un peu plus, je me suis rendue compte que je connaissais déjà la solution à ce problème. Mieux, que je l’avais déjà testée et approuvée !  Dans les faits, étant petits, nous avons été confrontés à la même situation. Nous avons appris le dialecte et l’arabe littéraire de façon naturelle. Je n’avais pas l’impression que ça m’ait perturbée dans mon enfance ou que ça m’ait créé des difficultés supplémentaires. J’ai décidé donc de suivre presque la même chose pour mes enfants en essayant de rendre les choses un peu plus équilibrées.

Un dialecte amélioré

Tout d’abord, j’ai décidé d’utiliser un dialecte marocain amélioré. C’est-à-dire en essayant de remplacer le maximum de mots possibles avec des mots issus de l’arabe littéraires mais tout en gardant bien sûr la structure de l’arabe dialectal « Darija ».

Donc plutôt que de dire par exemple « Chouf hada hawli w hada ferrouj », je vais dire « chouf hada kharouf wa hada dik ».

Cette amélioration du dialecte marocain sert en fait à plusieurs niveaux :

Faciliter le double apprentissage

En effet cela permet de créer plus facilement une passerelle entre l’apprentissage du dialecte et celui de l’arabe littéraire en enseignant aux petits un maximum de vocabulaire littéraires de façon naturelle sans déstructurer l’apprentissage du dialecte.  Les enfants auront le temps d’approfondir l’apprentissage des deux vocabulaires au fil des années.

Une langue plus compréhensible par toute la communauté arabe

Cette amélioration de dialecte sert aussi à créer un langage un peu plus commun permettant de communiquer plus facilement avec nos amis arabes du reste du monde. Ce qui permet de créer une communauté plus importante pour l’apprentissage de la langue pour les petits. Je vous avais déjà parlé dans cet article de l’importance de ce point pour le statut social de la langue arabe aux yeux de nos enfants et donc pour la facilité de l’apprentissage.

Les supports pour la langue arabe littéraire

Pour introduire un maximum de mots possible dans la langue littéraire arabe, et ceci même à partir d’un âge assez précoce, j’ai décidé d’allouer un certain nombre d’activité à l’apprentissage du littéraire.

Vous pouvez choisir les activités qui vous conviennent le mieux. De mon côté, j’ai commencé très tôt à chanter avec eux des comptines en arabe classique. Si je devais vous conseiller une chaine de comptines arabes, je n’hésiterai pas une seconde pour vous proposer « Karazah Channel« , qui à mes yeux est une vrai mine d’or. Tout est parfait sur cette chaine, les textes, les sujets d’apprentissage, les mélodies magnifiques… Ne passez pas à côté.

Vous voulez la suite?

Comment s’est passé la suite concrètement ? Comment avons-nous géré les premiers mois de vie de nos petits gardés au début à la maison, puis chez une nounou ? comment avons-nous vécu les visites chez le pédiatre et également l’entrée à l’école ?

Je vous parle de tout cela et bien plus dans la troisième partie de ce témoignage 🙂

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